RATP : les raisons de fond de la mobilisation
Alors qu’une nouvelle grève est annoncée le 25 mars, la CFE-CGC comprend le désarroi des encadrants de la Régie. Explications de Frédéric Ruiz, délégué syndical central.
Date
Alors qu’une nouvelle grève est annoncée le 25 mars, la CFE-CGC comprend le désarroi des encadrants de la Régie. Explications de Frédéric Ruiz, délégué syndical central.
Alors qu’une nouvelle grève est annoncée le 25 mars, la CFE-CGC comprend le désarroi des encadrants de la Régie. Explications de Frédéric Ruiz, délégué syndical central.
Quel est le ressenti de l’encadrement par rapport à ces questions ?
F.R. : La CFE-CGC s’associe au mouvement de grève, tout en ayant conscience que les personnels d’encadrement ne font pas volontiers grève. Pour toute une série de raisons qui vont du fait que leur travail ne diminue pas quand ils font grève (ils le retrouvent en revenant), qu’ils peuvent subir des pressions et que leur déroulement de carrière est peut-être plus menacé par ce type de choix que celui des opérateurs. Il n’empêche que les encadrants vivent mal un certain nombre de changements, notamment le bousculement complet de la structure de l’entreprise. La dureté de la position de la direction sur les NAO est un peu la goutte qui fait déborder le vase.
Que voulez-vous dire par là ?
F.R. : Il y a tellement de changements au niveau de l’entreprise que l’encadrement se retrouve placé entre le marteau et l’enclume. En gros, les cadres et les agents de maîtrise doivent appliquer une politique dont parfois ils font eux-mêmes les frais. Prenons l’exemple des marchés à remporter dans le cadre de l’ouverture à la concurrence. Il faudra vraisemblablement proposer le prix le plus bas puisque c’est le critère numéro un des attributions. Autrement dit, intensifier encore les efforts de productivité qui depuis 4 ans portent déjà beaucoup sur l’encadrement : mise en place d’unités d’affaires financièrement responsables, pression à la rentabilité sur les services supports, etc.
Est-ce que ce ne sont pas des évolutions inéluctables ?
F.R. : En ce qui concerne un service de transport public comme le nôtre, je n’en suis pas sûr. Une bonne partie de la culture et de la réussite de la RATP était basée sur son modèle multimodal intégré. On désintègre ce modèle et ses différents métiers qui se complétaient et se fertilisaient entre eux. Cela entraîne un chamboulement de l’entreprise à la fois psychologique et opérationnel. Si l’on ajoute la remise en cause unilatérale des éléments de déroulement de carrière des encadrants, qui risque de les placer au fil de leur vie professionnelle dans de grandes incertitudes, cela commence à faire beaucoup. Et les dérives de l’ouverture à la concurrence dans les autres secteurs publics ne nous rassurent pas du tout.
Propos recueillis par Gilles Lockhart